Accueil >> Feuilleton >> Chapitre XII : Où, une fois hors de l'eau, on s'engueule comme du poisson pourri
Après un périple entrecoupé de pensées vagabondes et de divagations diverses dans les vagues, nos quatre compagnons ont échoué sur une île. Il faut dire que, clans leur cas, la fiente tombait bien à propos pour leur indiquer le chemin vers la terre ferme. Une fois arrivés, plusieurs options s'offraient à eux jouer les Robinson Crusoé et chercher un Vendredi, mettre en place un feu de camp pour savoir qui serait le perdant du jour, explorer l'île mystérieuse afin d'y découvrir un navire ultra moderne et son capitaine misanthrope. Ces options étant trop littéraires ou trop réalistes, ils choisirent de mener l'aventure vers une quatrième dimension.
Sitôt à terre, nos quatre héros s'écroulèrent aussi dignement que possible sur le sable.
Ils mirent un certain temps à sécher au soleil et à récupérer leurs forces, comme si le séjour prolongé dans la mer les avait totalement lessivés, bien que question lavage, rien ne vaut l'eau douce.
À mesure que l'eau s'évaporait, les mots parvinrent à leur bouche pour exprimer ce grand moment de joie.
— Trop contente d'être à terre, s'exclama Domy.
— On l'a échappé belle ! murmura Lirufec.
— J'ai crû qu'on allait y rester, répondit Mortimer.
— J'ai encore de la crotte dans les cheveux, s'enquit le Iop.
— Non, t'as plus ni crotte ni cerveau, répondit sèchement l'Eniripsa.
— En même temps, il n'a jamais eu de cerveau, renchérit le Sram.
— Ça suffit, vous deux ! On est censés être un groupe d'aventuriers soudé, protesta l'Osamodas.
— Si cette boîte de conserve vide nous avait suivis chez les Wabbits, on ne se serait pas faits prendre par les Pirates de Moon ni battu contre les Kanniboules, s'exclama Mortimer.
— De quoi tu parles, le sac d'os ? s'insurgea le Iop. J'étais le dieu des Wabbits !
— N'importe quoi ! cria Lirufec. T'étais leur repas du soir, tête de cierge.
— C'est grâce à moi que vous n'avez pas été tué par les lapins crétins, hurla Kevlhard.
— C'est toi le crétin, répondit le Sram. T'es vraiment qu'une face de pet mononeuronal.
— Ça n'existe même pas ton monotruc, bougonna le Iop. Essaie pas de faire genre je connais des mots à plus de deux syllabes ! Moi aussi j'en connais. Pet de Moumoule !
— C'est trois mots différents, répliqua Mortimer. T'es même pas fichu de compter.
— Mais c'est pas bientôt fini, les braillards ! On ne peut pas avoir la paix cinq minutes ? les interrompit Domy en colère.
— On t'a rien demandé ! rétorqua Lirufec.
— Eh le nain, c'est comme ça que tu me parles ? riposta l'Osamodas. J'aurais mieux fait de te laisser couler.
— D'abord, je ne suis pas nain. Je suis une personne de petite taille. Ensuite, j'aurais très bien pu nager. Je n'avais pas besoin de ton Bouftou qui pue.
— C'est vrai qu'il avait une sale odeur ton bestiau, renchérit le Iop.
— Toi, la cervelle de Pichons, on ne t'a rien demandé, l'interrompit Lirufec.
— Eh, mais j'étais d'accord avec toi, le nain, protesta Kevlhard.
— Tronche de Moskito, personne ne veut de ton avis, trancha Domy.
— Ton Bouftou pue, répondit le Iop.
— Autant que toi, crâne de Bwork, répliqua l'Osamodas.
— Vous n'êtes que des pouacres, clama Mortimer d'un air supérieur.
— C'est quoi un pouacre ? demanda Kevlhard.
— Un butor tacheté, soupira Mortimer. Bande d'ignares.
— Eh, le chauve, moi aussi je connais des mots compliqués, protesta le Iop.
Les trois autres le toisèrent, goguenards. Ils se mirent à hurler sur lui une pluie d'insultes.
— Concentré de Blops moisi !
— Phlegmon de Mama Koalak !
— Piqueniquedouille !
— Peau de Croc Gland Enragé !
— Crâne de Cornegidouille d'Incamam !
— Branquignolle Tofuesque !
— Pignouf de Bwork acnéique !
— Pegreleux de Kwak avare !
— Espèce Rastaquouère de la Mer d'Asse !
— Tête De Noeud de Ouasingue mal essorée !
— Étron de Kanniboule constipé !
— Margoulin à l'écrasé de Gelées défraîchies !
— Crème de pus de Crocohurio grippé !
Kevlhard ne comprenait pas bien la signification de tous ces mots. Mais il sentait bien que ce n'était pas amical. De colère et de rage, il fit ce qu'il savait le mieux faire : foncer dans le tas en hurlant. Les autres ne se laissèrent pas faire. Lirufec fit un tacle droit dans le tibia. Mortimer le frappa dans les côtes une fois à terre pendant que Domy lui tirait les cheveux. Le Iop se releva comme il le put et répondit coup par coup. La bataille fut rude entre nos quatre héros mais on ne peut pas dire qu'elle ait été très glorieuse.
***
Le temps ne s'écoule pas de la même façon pour tous les êtres vivants. Pour la majorité des humanoïdes constituant les habitants du Monde des Douze, il est rythmé par des journées de vingt-quatre heures.
Pour les Tofus, le temps s'écoule plus vite et cela explique pourquoi ils ont tellement de mal à se focaliser sur une seule action.
Vous pensez lui avoir ordonné de picorer les chevilles d'un ennemi il y a à peine cinq minutes. Mais pour lui, il s'est déjà écoulé plus d'un jour et l'ordre est périmé. C'est pourquoi il préfère aller voir de l'autre côté du champ de bataille si d'aventure il n'y aurait pas une cheville à harceler...
Pour d'autres espèces, le temps semble au contraire bien plus lent, comme si les grains qui s'écoulent dans un sablier avaient été remplacé par un gros gravier ou une mélasse très peu fluide.
C'est précisément la perception du temps des Craqueleurs. En général, ils ne comprennent pas bien pourquoi les choses s'agitent. Certains s'endorment pour une petite sieste et se réveillent avec une végétation dense sur le corps. D'autres ont moins de chance et se retrouvent débités en pierre de taille pour orner les fortifications des villes, et ce en moins de temps qu'il ne leur en faut pour dire « ouf ».
***
Pendant que nos quatre compagnons se bagarraient de manière peu digne et hurlaient entre deux coups, un Craqueleur assoupi depuis quelques heures (du moins dans sa perception du temps) se réveilla en bâillant.
Il regarda autour de lui et vit une plage inconnue. Il s'était endormi dans un tout autre cadre.
Mais qu'à cela ne tienne, un Graqueleur n'est jamais très inquiet par rapport au paysage : ils changent trop souvent !
Il se mit en marche et sentit alors une petite douleur sur la tête. Une piqûre un peu désagréable. Il se gratta la tête et prit les insectes qui s'y étaient réfugiés. Leurs formes lui semblaient familières. il les avala, histoire de s'en débarrasser.
***
Trop occupés à se disputer, Mortimer et ses compagnons n'ont même pas noté que le sol se dérobait sous leurs pieds. Ils n'ont pas vu non plus qu'ils se rapprochaient des nuages.
En revanche, ils ont bien senti les doigts d'un Craqueleur les saisir et les mettre dans un lieu obscur et légèrement humide.
Enfin, tous ne l'ont pas compris. Et vous vous doutez de l'identité de celui qui a demandé : « Mais pourquoi on a éteint la lumière ? »
Merci d'écrire dans un francais correct et d'éviter le bwork et le sms.
Le ,
ZAP
a écrit :
thishouldnotexistandhopefullyitwillnot
Le , Cydn a écrit :
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