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Chapitre VI : Où la musique doit adoucir les moeurs

Le 13/04/13, par Mic.

Après une nouvelle déconvenue, nos héros orphelins de quêtes à accomplir pour prouver leur vaillance erraient pitoyablement dans les rues de Sufokia. Il fallait absolument trouver un haut fait ! Mais pas trop haut, sinon ils n'y parviendraient pas et seraient à nouveau dépités. Domy cherchait l'inspiration dans les yeux de ses Tofus, Lirufec sous la jupe de Domy et Kevlhard dans la nuque de l'Eniripsa. C'est ce qu'il avait sous les yeux.
Il ne faut pas non plus demander à un Iop de réfléchir.

Quant à Mortimer, il admirait paisiblement le paysage. Lui aussi voulait devenir un grand aventurier reconnu pour ses exploits, ses combats épiques et ses actes de bravoure. Mais cela signifiait qu'il devait accumuler des trésors avec ses compagnons et il n'était vraiment pas sûr d'être capable de ne pas les voler. Aussi préférait-il flâner dans la cité pendant que ses partenaires cherchaient des prouesses à leur mesure.

Il traînait ses os sans but sans regarder devant lui. Il ne vit pas l'imposant Ecaflip marcher droit vers lui. Celui-ci ne vit pas non plus le petit Sram car il transportait un immense sac de Greuvettes qui lui cachait partiellement la vue. Ce n'est qu'au moment de la collision qu'ils prirent conscience de la présence de l'autre sur leur chemin. Le sac se renversa au sol et les quelques Greuvettes encore vivantes tentèrent de se frayer un passage vers la mer d'Asse.

Confus, Mortimer fit de son mieux pour rattraper tous les Poissons et les remettre dans la besace du gros matou.
— Désolé je n'ai pas fait attention
— Pas grave petit ! Appelle-moi God. Je suis le fils de Michou le Féca. Je ne t'ai encore jamais vu ici. Tu es nouveau à Sufokia ?
— Oh, juste un voyageur en transit. Je suis à la recherche d'une quête pour devenir un vrai héros de légende. Mes amis réfléchissent sur la plage et moi je cherche l'inspiration en marchant.
— Tu n'es pas prêt de trouver une quête par ici ! Sufokia est une ville paisible. Je ne veux pas dire que c'est une cité morte, loin de là. Il y a plein d'animations. Moi, tu vois, je fais partie d'un groupe de Bwork N Trool avec mes potes Terton et Félix. On s'appelle les Chats Sauvages. Passe me voir à l'occase !

Mortimer accepta l'invitation puisqu'il n'avait de toute façon rien d'autre à faire.

***

Le soir même, il entraîna l'Osamodette, l'Eniripsa et le Iop au concert.
— C'est quoi le Bwork N Trool comme courant musical, s'enquit Domy.
— Un truc inventé par les Craqueleurs pour passer le temps, répondit Lirufec. Il paraît que c'est le Craqueleur Légendaire qui aurait trouvé le truc en premier. Il a commencé par taper en rythme sur des aventuriers.
Selon la qualité des carcasses, le craquettement n'était pas le même. Ce mélomane accro du roc distinguait même le son de la compression (scrounch), de l'aplatissement (piaf), et de la pulvérisation (pffffff). Mais la matière première lui manquait régulièrement. Alors il a continué sur des pierres. En y ajoutant la voix d'un Trool qu'il matraque en cadence, il s'est rendu compte que cette musique adoucissait ses moeurs. Depuis lors, les Craqueleurs pratiquent cette musique, et certains bardes les imitent.

Les quatre compagnons s'installèrent au fond de la salle de concert improvisée dans une maison de Sufokia. Celle-ci était pleine d'Ecaflips qui se criaient « Chalut » tout en éclatant de rire.

En attendant la mise en place des instruments, Lirufec essayait d'expliquer au Iop en quoi la chasse aux Araknes n'était pas une quête très glorieuse quoique facilement accomplie.

Un des Ecas, placé non loin d'eux, les interrompit.
— C'est une quête que vous recherchez ? demanda-t-il à l'Eniripsa.
— Oui, on veut devenir des héros !
— Ah ! la célébrité, le quart d'heure de gloire ! Je connais. Si vous voulez, je peux vous dire où vous auriez la chance de vous distinguer ! C'est assez loin d'ici, mais ça vaut le coup d'essayer.
— Ok, je donne ma langue à l'Eca. C'est où ?
— Le territoire des Dopeuls ! Allez-y et ramenez les pierres. Elles valent une petite fortune. Plus vous décimerez de Dopeuls, plus votre gloire sera grande. Voilà, c'est facile, pas cher et ça peut rapporter gros (même si personnellement, à vous voir, je ne parierai pas un kama sur votre équipe).

***

Ô toi, lecteur, je sens bien que tu n'as jamais mis les pieds dans cette région. C'est pourquoi je me permets de placer ici une description des dangereux habitants de cette zone reculée d'Amakna.
Tu as évidemment l'autorisation de sauter les paragraphes qui vont suivre. De toute façon, je ne peux pas t'en empêcher. Mais tu raterais toute la saveur du texte.

Résidant dans les lointaines contrées de l'Ouest, les Dopeuls sont des fidèles ayant renié leur dieu pour vénérer Rushu, le Seigneur Démon. Leur allégeance à la divinité maléfique se marque par la couleur sombre de leur peau. Certains aventuriers les capturent pour s'en servir de partenaires d'entraînement dans les temples de classe. Mais ils sont surtout pourchassés pour les Pierres de Dopeul. Elles sont indispensables à la fabrication de la Puissante Ceinture Fulgurante. Celle-ci est si légère qu'elle donne l'impression à son porteur de pouvoir faire plus de choses en même temps. Elle libère les gestes par son ergonomie.

Parmi les Dopeuls, Aboub est le plus maudit. Affublé de la cervelle d'un Iop, de la vitesse d'un Sadida et d'un corps d'Enutrof, il a atteint le fond et commence à creuser. Il se console comme il le peut en se disant régulièrement que la réalité est une hallucination provoquée par le manque d'alcool. Kiveram (Dopeul Ecaflip) et Nebgib (Dopeul Xélor) sont tous deux de redoutables combattants. Si l'un aime l'ordre, l'autre préfère le hasard. Mais tous deux sont efficaces de près comme de loin. Kiveram jette des cartes quand Nebgib lance des aiguilles. Lorsque ces Dopeuls tombent amoureux, les ressemblances sont là encore nombreuses : ils chantent (comme des casseroles) pour leur bien-aimée. Lorsque le Dopeul Ecaflip trouve une âme soeur, il sait qu'ils sont félins pour l'autre et il lui chante alors : « Je suis l'as de trèfle qui pique ton coeur... »
Quant à Nebgib, il entame régulièrement un « Il faut laisser le temps au temps... » avant de constater la fuite de la dulcinée.

Grâce à Gink (Dopeul Sadida), l'apathie a un visage. Ce Dopeul a la rapidité d'un ascenseur en panne (enfin, si les ascenceurs existaient dans le Monde des 12). Si vous comptez réveiller l'énergie du tigre qui sommeille en lui, vous avez intérêt à vous lever tôt, voire à ne pas vous coucher.
Comme les fidèles du dieu Sadida, Gink lance ses poupées au lieu d'entrer dans la mêlée. Son credo c'est dodo, dodo, dodo.

Quant à Let Emoliug (Dopeul Crâ), il aime lui aussi suivre de loin les joyeuses empoignades viriles et brutales de ses camarades, aux prises avec les aventuriers de passage. Il est toujours prêt à tirer un coup dans la mêlée.

L'argent est la seule chose qui motive réellement les actions de Nipul (Dopeul Sram) et d'Osurc (Dopeul Enutrof). L'un le prend par la force, l'autre attend qu'il tombe par terre. L'attitude du Dopeul Enutrof peut sembler passive. De plus, il trame souvent la patte avant d'entrer dans le combat. Mais c'est uniquement pour respecter le dicton de sa classe : « Mieux vaut arriver en retard, qu'en corbillard ! »

Les Dopeuls Sram et Enutrof sont souvent victimes d'une maladie qui n'atteint que leur classe. Elle est liée à un manque de calcium qui cause un dépit des os. C'est pourquoi ces Dopeuls boivent beaucoup de Lailait de Bouftou. En cas d'abus, il faut donner au squelette une serpillière et au vieillard une couche.

Moins sympathiques, Susej (Iop) et Idemas (Sacrieur) sont deux Dopeuls qui ont le combat dans le sang. Impétueux, ils courent se battre et réfléchissent après (quand ils y pensent). Il n'est pas dans leur nature de se faire un sang d'encre, tant que celui de l'adversaire est versé. Ils adorent par-dessus tout mettre leur adversaire sang dessus dessous. À cause de cette nature enjouée, Susej et Idernas sont victimes d'une forme de discrimination. On traite souvent Susej d'incompétent, alors qu'il n'a rien d'un idiot aérophage. Quant à Idemas, on a tendance à négliger son petit coeur tendre derrière ses muscles d'acier. Mais il n'est pas toujours facile d'être un Dopeul Sacrieur hémophile et sensible.

Amlub (Dopeul Féca) et Codem (Dopeul Eniripsa) sont plus pacifiques. Ils ont des visions totalement opposées de la vie. Selon Amlub, il vaut mieux prévenir que guérir, tandis que Codem estime qu'il vaut mieux revenir que guérir. Le Dopeul Féca sert de bouclier humain contre à peu près tout, mais ne peut être employé comme bouclier fiscal. Celui des Eniripsas guérit de tout, sauf de la vie. Malgré leurs différences, ces Dopeuls protègent leurs camarades lors du combat (même si parfois Amlub s'amuse à frapper ses compagnons pour que Codem puisse utiliser ses pouvoirs). Autant dire que faire partie de leur équipe s'avère très risqué.
C'est dans ces moments-là que l'on se rend compte qu'il y a des tirs bien plus ajustés que ceux de l'ennemi, ceux des alliés !

Comme vous pouvez le constater, les Dopeuls ne sont gâtés ni par les dieux ni par Rushu.
Constamment pourchassés par les aventuriers à cause des Pierres qu'ils laissent en mourant, ils auraient pu devenir une espèce protégée. Heureusement que de nombreux nouveaux adeptes des démons viennent alimenter les rangs des Dopeuls. Mais revenons à nos héros en herbe et au concert de Bwork N' Trool. Après tout, ce sont eux qui importent et non la description ethnologique des habitants de l'Ouest amaknéen.

***

Les instruments étant enfin accordés, les Chats Sauvages commencèrent leur concert sous le tonnerre d'applaudissements qui convient à la circonstance. Les trois Ecaflips semblaient totalement grisés par les sons qu'ils produisaient. Ils balançaient leur tête et leur queue en rythme. La salle faisait de même sous le regard éberlué de nos compagnons. Mis à part Mortimer qui se frappait les os pour battre la mesure et s'intégrer au groupe, les trois autres étaient atterrés. Certes, la musique était écoutable. Mais pourquoi y ajouter ces miaulements déchirants comme si l'on égorgeait un chat ?

Pendant ce temps, une tempête faisait rage à Sufokia. Le mugissement du vent s'ajoutait aux cris du chanteur des Chats Sauvages et apportait son caractère dramatique à la scène.

Kevlhard se bouchait les oreilles comme il le pouvait et se disait qu'il se serait passé de tympans au lieu de se passer de pupilles. Domy avait invoqué deux Tofus qu'elle maintenait contre ses oreilles et Lirufec était tombé en syncope.

Au moment où l'Osamodette s'apprêtait à invoquer un Sanglier pour pousser le corps de l'Eniripsa hors de la salle, un immense fracas couvrit le son du Bwork N Trool. Il fut suivi immédiatement par une violente secousse qui plongea la salle dans l'obscurité. Un nuage de poussière empêchait les spectateurs de se rendre compte de la situation. Quand il se dissipa et que la lumière revint, Domy découvrit que la proue d'un bateau avait éventré le mur de la salle. Au dehors, il soufflait donc bien un vent à décorner les Bouftous !

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Merci d'écrire dans un francais correct et d'éviter le bwork et le sms.

Les commentaires

Avatar Le , a écrit :

tdhW

Avatar Le , a écrit :

thishouldnotexistandhopefullyitwillnot

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