Accueil >> Feuilleton >> Chapitre IX : Où ils tombent de charybde en scylla
Lorsque nous avions laissé nos héros, ça chauffait pour eux. Enfin, surtout pour le Iop qui mitonnait dans la marmite des Wabbits. Ses camarades essayaient de se dépêtrer de la situation comme ils le pouvaient, mais c'était difficile d'argumenter avec des Wabbits affamés, persuadés que l'ingurgitation du « héwos au teint de ciwe et à la cheveluwe cawotte » allait libérer leur peuple de la maladie. C'est d'autant plus difficile lorsque les événements se précipitent... avec l'arrivée de nouveaux ennemis dans le chapitre qui suit.
Pendant que le Sram invisible essayait toujours de convaincre Kevlhard que les Wabbits en voulaient à sa peau, Domy et l'Eniripsa tentaient de négocier avec le Grand Pa Wabbit. Ils lui expliquaient tant bien que mal qu'on pouvait servir le Iop autrement qu'en ragoût.
— Ô grand et sage Wabbit, il faut que tu comprennes que le Messie n'est pas venu pour être mangé, mais pour vous aider à mieux manger, commenta Lirufec.
— D'apwès nos livwes, il est l'ingwédient manquant à la wecette miwacle. Il doit êtwe bouilli avec des Cawottes et des wadis pendant twente-deux heuwes avant d'êtwe bwové en velouté.
— Oui, mais vos livres de cuisine ne sont pas les plus adaptés pour fabriquer un médicament.
— Tu oses pwétendwe que nos wecettes ne sont pas bonnes ? Petit mécwéant !
Lirufec n'eut pas le temps d'expliquer au Grand Pa Wabbit qu'il n'était pas « petit » et que la « bonne taille » est un concept tout relatif.
En effet, il fut interrompu par une immense clameur qui envahit la salle du trône. Les Wabbits se mirent immédiatement en formation de combat. C'est-à-dire qu'ils formèrent une masse sautante et trébuchante. Le Sram rejoignit ses camarades vu que son sort d'Invisibilité touchait à sa fin et que le Iop refusait de sortir de son faitout, en prétextant qu'il avait froid aux pieds. Domy s'apprêta à invoquer des animaux pour se défendre. Lirufec tenta de profiter de la situation pour se cacher sous l'Osamodas qui lui lança un coup de pied bien senti entre les deux jambes.
Bref, c'était la panique la plus totale. Et les cris de douleur de l'Eniripsa étaient si aigus qu'il n'y avait plus que les chienchiens pour l'entendre.
***
Là, normalement je devrais vous faire une description épique de la bataille qui s'en suivit. J'aurai dû expliquer que des Kannibouls en furie entrèrent dans la salle en fracassant tout sur leur passage, qu'ils se précipitèrent vers le Iop, qu'ils le sortirent de son bain bouillonnant et le mirent sur une brochette géante afin de le transporter plus facilement. J'aurai aussi dû vous dire que cette première vague d'invasion fut suivie d'une seconde juste quelques instants plus tard. J'aurai dû vous décrire comment les pirates de Moon s'engouffrèrent dans la salle et embarquèrent avec eux Mortimer, Lirufec et Domy.
Tout cela, je ne le ferais pas. Ce n'est pas parce que je suis un narrateur omniscient que je dois tout faire. Et de toute façon, j'ai horreur des descriptions... Mais, puisque c'est vous, je vais quand même faire un effort et vous expliquer pourquoi soudain des Kannibouls et des Pirates de Moon ont débarqué dans la salle du trône des Wabbits.
***
Vous n'êtes pas sans savoir que les Wabbits ont envahi l'île qui porte désormais leur nom. Ils en avaient chassé les Lenalds et seuls quelques anciens habitants y demeuraient encore, entretenant la mémoire de l'invasion.
Depuis lors, les Lenalds épient les Wabbits et cherchent par tous les moyens à reconquérir leurs terres. Ils avaient accueilli la maladie des Wabbits comme une bénédiction. Mais lorsqu'ils ont su qu'un médicament allait être créé à partir du Iop, ils firent au mieux pour empêcher que cela ne se produise. Ils envoyèrent en urgence Logel le Lenald sur l'île de Moon pour faire capoter le plan des Wabbits. Il fit croire aux Kannibouls que le Iop était un aliment sacré qui donnait le pouvoir d'un Dieu. Il leur expliqua qu'un tel aliment devrait être destiné au Moon et non à de simples Wabbits. Ceci déclencha évidemment la colère des Kannibouls.
Pour être sûr de contrecarrer les plans Wabbits et faire d'une pierre deux coups, Logel monta également les Pirates de Moon contre les Wabbits. Il leur raconta que le Iop connaissait l'emplacement d'un trésor fabuleux et que les Wabbits le torturaient afin de lui faire cracher le morceau.
Et c'est ainsi que les Wabbits durent subir deux invasions coup sur coup, les privant de leur repas et des seules personnes qui savaient comment éradiquer leur maladie.
***
Mais revenons à Kevlhard, attaché à sa brochette et toujours affublé de son accent Wabbit.
— Mais je vous le wépète, je ne suis pas à mangew !
— Toi te taire. Toi être servi en ragoût par Wabbit, toi nourriture de Dieu.
— Mais, non ! Je pwenais twanquillement un bain chaud et les Wabbits wemuaient l'eau pouw qu'elle ne soit pas twop chaude. Je vous juwe que je ne suis pas bon à mangew.
— Toi te taire.
— Mais je vous juwe ! Je ne fais pas un bon wepas. Vous allez avoir mal au ventwe si vous me mangew !
— Toi te taire. Viande pas parler.
— Mais puisque je vous dis que je ne suis pas de la viande !!
Un second Kanniboul entra dans la conversation afin de faire taire le Iop.
— Nous mettre herbes dans lui pour lui se taire, proposa-t-il.
— Toi bonne idée, acquiesa le premier Kanniboul.
— Eh ! Moi pas d'accowd ! Moi pas d'accowd ! exclama Kevlhard.
Malgré les protestations du Iop, les Kannibouls enfournèrent des poignées d'herbes aromatiques dans sa bouche.
— Lui avoir meilleur goût avec herbes, dit le second Kanniboul. Dieu Moon aimer viande parfumée.
— Toi raison, opina le premier en ajoutant un supplément aromatique dans la bouche de Kevlhard.
— Mwé chwi pwa viande, grommela le Iop comme il le put.
— Nous mettre herbes dans tous trous. Viande parfumée, viande meilleure, ajouta le second Kanniboul.
— Toi raison ! s'exclama le premier Kanniboul en s'apprêtant à détacher le Iop afin de remplir ses autres orifices d'aromates.
— Mwa pwa viande ! hurla Kevlhard.
***
Pendant ce temps, une incompréhension similaire régnait entre les trois autres héros et les Pirates de Moon.
— Alors où il est le Iop ? beugla Le Chouque, chef des Pirates aux postillons légendaires et à l'haleine tristement célèbre pour son taux d'alcoolémie.
— Ralor il est où ? reprit en écho l'oiseau perché sur l'épaule du Chouque.
— Euh, comment dire, on ne sait pas trop. Vous voyez, vous avez débarqué en même temps que les Kannibouls et on n'a pas trop eu le temps d'admirer la scène, expliqua Lirufec.
— Mais dis-moi le nabot, on fait de la littérature ? On essaie de m'embobiner avec ses petits discours à la noix ? hurla le pirate en expulsant quelques décilitres de salive sur l'Eniripsa qui n'en demandait pas tant.
— Discours rala noix !! répliqua l'oiseau.
— Alors, je tiens à préciser que je ne suis pas un nabot, mais...
— Non, l'interrompit l'Osamodas. L'Eniripsa voulait dire qu'on n'est pas très sûr de ce qui s'est passé, tenta Domy pour rattraper la situation.
— Oui, voilà, on pense qu'il a été enlevé par les Kannibouls, enchérit Mortimer.
— Tu penses ou t'es sûr, sac d'os ? demanda Le Chouque changeant de cible pour lâcher ses obus salivaires.
— Routai sur?
— On est sûr, affirma Domy afin de calmer le dialogue et d'éviter à tous une douche de postillons au rhum. On a vu une brochette passer en hurlant entre les Wabbits.
— Euh, dites, ça ne vous ennuierait pas de pointer votre canon un peu plus à droite ou à gauche monsieur, demanda Lirufec à l'un des pirates qui lui faisait face.
— D'ailleurs, vous avez dû les croiser aussi à un moment ou un autre dans les couloirs non ? hasarda Domy.
— Non, mais vraiment, vous êtes certain de ne pas pouvoir pointer le canon ailleurs ? poursuivit Lirufec.
— Mais tu vas te taire le nabot? lui répondit le pirate au corps en artillerie.
— Silence vous tous, je ne comprends rien à ce qu'elle me raconte la petiote, brailla Le Chouque en arrosant nos trois héros déjà bien humidifiés.
— Ah ben justement, j'allais le dire, répliqua Mortimer en essayant d'entrer dans la conversation l'air de rien, tout en restant bien à l'arrière.
— Silence ! Silence ! hurla Le Chouque en faisant de grands moulinets avec son arme.
Cette fois-ci le message avait été bien compris. Les pirates reculèrent d'un pas derrière Le Chouque et nos trois héros se serrèrent les uns contre les autres, même si Domy poussait Lirufec aussi loin d'elle que possible.
— Bon alors, pourquoi les Kannibouls ont pris le Iop ? Pourquoi ils veulent le trésor ? reprit plus calmement le chef des pirates.
D'un même mouvement Domy et Lirufec reculèrent d'un pas laissant Mortimer face au Chouque et à sa décharge salivaire.
— Alors, on va essayer de reprendre depuis le début, soupira le Sram, ainsi lâché par ses compagnons. Nous avons été accueillis par les Wabbits qui voulaient manger notre ami Iop. Des Kannibouls sont venus et l'ont enlevés. Puis, vous êtes apparus et vous nous avez enlevés. Nous ne savons pas pourquoi les Kannibouls ont pris le Top. Nous vous remercions de nous avoir libéré des Wabbits et nous allons essayer de vous aider. Mais nous ne savons pas de quel trésor vous parlez.
Face à un exposé si calme et si clair, il y eut trente secondes de silence admiratif, suivi aussitôt par un cri du Chouque.
— Comment ça, sac d'os ? Tu ne sais pas de quel trésor on parle ? Tu te fiches de moi là ! tonna Le Chouque.
— Fiche de mouala ! reprit l'oiseau.
— Mais qui vous a parlé du trésor, s'enquit Mortimer aussi posément que possible face à la lame qui s'agitait devant ses yeux.
— Logel le Lenald ! Il déteste les Wabbits. Il ne voulait pas que le trésor tombe entre leurs mains.
— Écoutez Monsieur... Monsieur?
— Le Chouque, rugit le pirate!
— Monsieur Le Chouque, nous ne connaissons pas Logel le Lenald, mais nous sommes sûrs qu'il vous a menti, répondit le Sram.
— Euh, une minute, désolée, interrompit Domy.
Elle fit reculer le Sram et chuchota à ses deux compagnons en faisant bien attention à ce que les pirates ne les entendent pas.
— S'ils croient qu'on a un trésor, ils nous garderont en vie. Sinon, j'ai peur qu'ils nous tuent, murmura-t-elle.
— C'est pas faux, répondit Lirufec. Faut leur faire croire qu'on est utile, sinon c'est cuit pour nous.
— Et en plus, comme ça, ils vont nous aider à retrouver Kevlhard, ajouta Domy.
— Faut vraiment aider la boîte de conserve, demanda le Sram.
Devant les regards désapprobateurs, il soupira de nouveau et se retourna vers Le Chouque.
— Le Iop ne va pas vous aider à trouver le trésor, commença Mortimer.
— Comment ça? hurla Le Chouque. Tu refuses de coopérer ?
— Non, poursuivit le Sram en s'épongeant le visage, je veux dire que sans nous, vous ne pourrez pas le faire parler. Il sait où est le trésor. Il faut juste le délivrer.
— Bon, alors vous nous emmenez avec vous et on travaille ensemble ? demanda Lirufec.
— La ferme, le nabot ! lui ordonna Le Chouque. Bon, je vous embarque avec moi et le premier qui essaie de me rouler, je le passe par-dessus bord !
— Par dessus bord ! conclut l'oiseau.
***
Et c'est ainsi que nos héros se retrouvèrent à nouveau dans un navire.
Mais cette fois-ci, ils étaient confinés dans les cales.
Quant à Kevlhard, il était toujours sur sa brochette et assaisonné de toutes parts avec des condiments. D'après les Kannibouls, c'est ainsi que le Iop plaît.
Merci d'écrire dans un francais correct et d'éviter le bwork et le sms.
Le ,
ZAP
a écrit :
thishouldnotexistandhopefullyitwillnot
Le , hbss a écrit :
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